mardi 14 janvier 2014

Le jour où j'ai compris que mon enfant n'était pas si différent...

Mon premier coco n'est pas venu au monde dans des conditions idéales et n'a pas non plus été couvé pendant neuf mois dans un corps de maman serein et comblé par la maternité. Non. En fait, ma première grossesse est arrivée dans l'un des pires moments de m
a vie. Plusieurs deuils se sont succédés et mon accouchement a été à l'image de ma grossesse: remplis d'imprévus, de déception et épuisant. Je vous épargne les détails.

Lumière où es-tu?
Mes six premiers mois avec Renaud n'ont pas été les plus beaux moments de ma vie contrairement à la croyance populaire qui veut qu'un bébé apporte bonheur au sein d'une famille. Mon bébé pleurait ou chignait en moyenne 14 heures par jour, dormait davantage le jour que la nuit et l'allaitement était un calvaire. Après quatre mois, on a finalement compris (grâce à la nutritionniste du CLSC) que Renaud était intolérant aux protéines bovines et au soya. L'allaitement a commencé à mieux aller, mon bébé a commencé à dormir et moi... je n'ai jamais été aussi mal qu'à ce moment. Plus il dormait la nuit, moins je dormais. La lumière au bout des six premiers mois dont plusieurs mamans d'expérience me parlaient, je ne la voyais pas.

Culpabilité quand tu nous tiens...
Je me sentais coupable. Coupable de ne pas être comme les autres: heureuse et comblée par ce nouveau bébé que j'aimais plus que tout au monde, mais qui m'exténuait. Parfois, des idées noires s'incrustaient en moi et là, c'était l'apothéose de la culpabilité. Comment vouloir mourrir quand on vient de donner naissance? Je me sentais comme un monstre d'égocentrisme. Une chance que mon amoureux était là. Il a pris les choses en main. J'ai cessé d'allaiter et j'ai pris des anti-dépresseurs. Le verdict est tombé: dépression post-partum. Je suis allée dormir chez ma mère et il s'est occuppé des nuits et finalement, il a pris un congé sans solde et est resté à la maison avec nous six mois.

Pathos judéo-chrétien
Probablement à cause de mon héritage judéo-chrétien, j'ai toujours cru que Renaud était plus difficile que les autres enfants et que c'était mon fardeau, ma responsabilité et donc que je devais le protéger et en quelque sorte, m'excuser des circonstances dans lesquelles il s'était développé. L'entrée à la garderie a été pénible, tous les changements à sa routine sont difficiles (voir entraînent des crises de bacon extrême) et il est facilement contrarié. Je le décris souvent comme un enfant anxieux à l'image de sa maman. J'ai lu des dizaines de livre sur les enfants anxieux, hyper-sensibles, aux besoins intenses, etc.

Les tranchées
Aujourd'hui, il a deux ans et demi. Il fait souvent des colères lorsqu'il est contrarié, il a peur des flûtes comme certains ont peur des monstres. Ça lui arrive de tapper ses amis lorsqu'il est fâché ou lorsqu'il n'obtient pas ce qu'il veut. Il préfère rester avec maman plutôt qu'aller à la garderie. Mais est-il différent? Oui, comme tous les enfants sont différents, mais pas plus. C'est probablement un ensemble de facteurs qui m'ont mené à accepter cet état de fait, mais j'attribue ma constatation de la normalité de mon garçon à ma lecture récente du livre Les tranchées de Fanny Britt.Ce livre m'a permis de réaliser toutes les culpabilités que les mères portent en elles. Je sens aussi le besoin de libérer mon fils de ce poids que je lui fais subir, de ma culpabilité à son endroit. Bref, je vous suggère à toutes mères ou non, de lire ce livre, car que nous ayons ou non des enfants, nous portons toutes en nous des récits d'accouchement et l'idée de la mère que nous sommes et/ou de celle que nous voudrions être. Bonne lecture!

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