jeudi 23 janvier 2014

Banaliser pour déculpabiliser c'est ok?


La pression est forte sur les nouvelles mamans et qu'il soit question d'allaitement, de sommeil, d'éducation, d'alimentation, il y a toujours quelqu'un qui semble avoir la réponse à chacune de nos questions. Je comprends donc l'idée de la campagne "Stop the mommy war". Il s'agit en fait d'une série de 15 photos présentant chacune deux mamans tenant dans leurs mains une pancarte mentionnant un de leurs choix par rapport à différents aspects de la maternité. Par exemple, on retrouve sur une photo une maman ayant choisi l'allaitement prolongé et une autre ayant choisi de donner de la formule à son bébé.

Peut-on tout banaliser?
Malgré que l'intention soit bonne, j'ai un malaise. Peut-on tout normaliser afin que tout le monde se sente bien? Est-ce qu'il faut vraiment trouver ça correct qu'une maman planifie sa césarienne? Bon, je l'avoue, c'est celui qui m'a le plus fatiguée. Peut-être parce que je prends pour acquis que cette planification a soit comme objectif de convenir à l'employeur du papa ou de limiter la prise de poids de la maman. Mais en y repensant, j'ai réalisé qu'il n'y avait pas seulement cet aspect qui me dérangeait. Celui de l'allaitement et de laisser pleurer son bébé aussi.

 Peut-être que c'est mon chapeau Santé publique qui parle ici, mais quand on fait ce genre de campagne, on s'adresse justement à la masse et non aux individus. Il y a plein de raisons pour lesquelles une maman choisit de ne pas allaiter et ne pas en avoir envie en fait partie et c'est ok. J'ai des amies qui ont allaité jusqu'à 3 ans et d'autres qui n'ont pas eu envie d'essayer. Je m'en fout complètement. Mais quand on s'adresse à un ensemble par contre, je pense qu'on ne peut pas tout généraliser. Il y a des choix meilleurs que d'autres pour la santé du bébé. Bien sûr, ça dépend de pleins de facteurs qui entreront en ligne de compte dans le cas par cas. Mais en santé publique, on ne fait pas du cas par cas. L'allaitement, c'est ce qu'il y a de mieux pour le bébé. Pour la maman aussi lorsque les conditions propices sont présentes. À ce sujet, je vous invite à regarder le très beau documentaire Seins à louer. En ce qui concerne le fait de laisser pleurer son bébé, plusieurs études ont démontré les méfaits de cette approche. Encore une fois, j'ai des amies qui ne jurent que par le 5-10-15 ou l'approche de Brigitte Langevin et d'autres (dont je fais partie) qui préconisent plutôt la méthode Pantley. C'est clair que si vous êtes à boutte et sur le point de pèter votre coche, aussi bien le laisser pleurer. Il y a aussi la variable GBS (gros bon sens) qui entre en ligne de compte.

Je m'excuse si je vous ai heurté!
J'écris ça et je m'en veux en même temps de ne pas être plus ouverte. Je me sens comme si je jugeais les mamans et pourtant... C'est vraiment pas ce que je souhaite. J'ai tellement peur moi-même de me faire juger et je suis tellement loin d'être parfaite. J'ai déjà laissé pleurer mes garçons pour qu'ils dorment et j'ai parfois souhaité qu'ils prennent la bouteille pour pouvoir refiler la job à papa. Mais j'aime bien pouvoir m'en remettre ensuite à ce que je sais qu'il y a de mieux. Faire mes choix de façon libre et éclairée. C'tu correct ça? Je l'sais toujours pas. Lancez-moi pas de briques S.V.P.

Par contre, en ce qui concerne une césarienne planifiée pour autre chose que des raisons médicales, je ne comprends pas. Je sais que ça arrive, je sais qu'il y a des employeurs qui préfèrent ça, mais je ne comprends pas. Un accouchement, ça s'inscrit pas dans un agenda.

En fait, la question qui demeurre, c'est est-ce que c'est le rôle d'une campagne de normaliser chacun de ces choix individuels?

PS: J'aurais aussi pu parler de celle  ou on oppose la mère qui donne de la bouffe bio à celle qui laisse ses enfants manger de la junk. Il y aurait pas mal de choses à dire. Ça veut dire quoi laisser ses enfants manger de la junk? Ils en mangent à l'occasion ou tous les jours? Bon, je ne m'embarque pas dans ce débat.

Crédit photo ici

Concernant les pleurs du bébé, je vous invite à lire ce billet de Maman éprouvette et ici une belle réflexion sur l'importance d'ajuster nos messages lorsqu'on s'adresse à la population vs la maman.

mardi 14 janvier 2014

Le jour où j'ai compris que mon enfant n'était pas si différent...

Mon premier coco n'est pas venu au monde dans des conditions idéales et n'a pas non plus été couvé pendant neuf mois dans un corps de maman serein et comblé par la maternité. Non. En fait, ma première grossesse est arrivée dans l'un des pires moments de m
a vie. Plusieurs deuils se sont succédés et mon accouchement a été à l'image de ma grossesse: remplis d'imprévus, de déception et épuisant. Je vous épargne les détails.

Lumière où es-tu?
Mes six premiers mois avec Renaud n'ont pas été les plus beaux moments de ma vie contrairement à la croyance populaire qui veut qu'un bébé apporte bonheur au sein d'une famille. Mon bébé pleurait ou chignait en moyenne 14 heures par jour, dormait davantage le jour que la nuit et l'allaitement était un calvaire. Après quatre mois, on a finalement compris (grâce à la nutritionniste du CLSC) que Renaud était intolérant aux protéines bovines et au soya. L'allaitement a commencé à mieux aller, mon bébé a commencé à dormir et moi... je n'ai jamais été aussi mal qu'à ce moment. Plus il dormait la nuit, moins je dormais. La lumière au bout des six premiers mois dont plusieurs mamans d'expérience me parlaient, je ne la voyais pas.

Culpabilité quand tu nous tiens...
Je me sentais coupable. Coupable de ne pas être comme les autres: heureuse et comblée par ce nouveau bébé que j'aimais plus que tout au monde, mais qui m'exténuait. Parfois, des idées noires s'incrustaient en moi et là, c'était l'apothéose de la culpabilité. Comment vouloir mourrir quand on vient de donner naissance? Je me sentais comme un monstre d'égocentrisme. Une chance que mon amoureux était là. Il a pris les choses en main. J'ai cessé d'allaiter et j'ai pris des anti-dépresseurs. Le verdict est tombé: dépression post-partum. Je suis allée dormir chez ma mère et il s'est occuppé des nuits et finalement, il a pris un congé sans solde et est resté à la maison avec nous six mois.

Pathos judéo-chrétien
Probablement à cause de mon héritage judéo-chrétien, j'ai toujours cru que Renaud était plus difficile que les autres enfants et que c'était mon fardeau, ma responsabilité et donc que je devais le protéger et en quelque sorte, m'excuser des circonstances dans lesquelles il s'était développé. L'entrée à la garderie a été pénible, tous les changements à sa routine sont difficiles (voir entraînent des crises de bacon extrême) et il est facilement contrarié. Je le décris souvent comme un enfant anxieux à l'image de sa maman. J'ai lu des dizaines de livre sur les enfants anxieux, hyper-sensibles, aux besoins intenses, etc.

Les tranchées
Aujourd'hui, il a deux ans et demi. Il fait souvent des colères lorsqu'il est contrarié, il a peur des flûtes comme certains ont peur des monstres. Ça lui arrive de tapper ses amis lorsqu'il est fâché ou lorsqu'il n'obtient pas ce qu'il veut. Il préfère rester avec maman plutôt qu'aller à la garderie. Mais est-il différent? Oui, comme tous les enfants sont différents, mais pas plus. C'est probablement un ensemble de facteurs qui m'ont mené à accepter cet état de fait, mais j'attribue ma constatation de la normalité de mon garçon à ma lecture récente du livre Les tranchées de Fanny Britt.Ce livre m'a permis de réaliser toutes les culpabilités que les mères portent en elles. Je sens aussi le besoin de libérer mon fils de ce poids que je lui fais subir, de ma culpabilité à son endroit. Bref, je vous suggère à toutes mères ou non, de lire ce livre, car que nous ayons ou non des enfants, nous portons toutes en nous des récits d'accouchement et l'idée de la mère que nous sommes et/ou de celle que nous voudrions être. Bonne lecture!

vendredi 10 janvier 2014

Voici mon excuse...

Si vous êtes une maman et que vous allez sur Facebook dans vos temps libre, vous allez savoir de quoi je parle lorsque je dis: "What's your excuse?". Pour les autres, il s'agit d'une photo d'une mère de trois enfants, en bikini, exhibant son corps svelte et musclé, quelques mois après son accouchement et qui avait pour titre cette question.

Parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en!
Mission accomplie, on en a parlé! Certaines l'ont trouvé inspirante, d'autres choquante et d'autres s'en contre-crissaient. J'aurais aimé faire partie du troisième groupe, mais ce n'est pas le cas. Sur le moment, je l'ai un peu enviée et je me suis dit:" Si elle est capable, pourquoi pas moi?". Et bien, c'est là-dessus que j'ai envie d'écrire, pourquoi pas moi. Maintenant, je fais partie d'un groupe non mentionné plus haut, elle me fait chier.

Le rêve
Vous savez quoi, j'aimerais vraiment ça avoir cette shape là après trois enfants, mais après deux, j'ai oublié le projet pour l'instant. Dans un monde idéal, je grimperais au moins trois fois par semaine, je ferais mon yoga tous les matins, je travaillerais seulement sur les dossiers qui me font tripper et avec les gens que je trouve trippants. Je serais aussi à temps plein avec mes enfants, mon chum ne travaillerait jamais le soir et serait là pour nous faire à souper. On voyagerait quatre mois par année sans se demander si les garçons vont bien s'adapter aux changements d'environnement. Mon plus grand ne serait pas aussi anxieux et résistant aux changements, il tripperait sur la garderie, même si, puisque mon monde est idéal, il n'irait pas. Mon plus jeune aurait fait ses nuits à 2 semaines, serait capable de jouer tout seul pendant que je prépare à manger ou que je vide le lave-vaisselle et je ne serais pas tout le temps en train de gèrer les colères de mon plus vieux qui a deux ans et qui, à lui seul, permet à tout ceux qui me côtoient de savoir que le terrible two, c'est pas un mythe!

La réalité
Malheureusement, ou heureusement, je ne vis pas dans ce monde idéal ce qui fait en sorte que j'ai dû revoir mes standards. Je travaille 4 jours par semaine et je dois envoyer mes enfants à la garderie pendant ce temps-là. Quand je ne travaille pas, je suis avec eux et donc, le temps pour m'entraîner est limité et dépend de leur bon vouloir et de leur coopération quand on va au gym d'escalade. Ce n'est donc pas toujours un succès et ça, c'est sans compter les rhumes et les otites qui viennent bousiller mon superbe emploie du temps. Le yoga, je ne sais pas c'est quand la dernière fois que j'en ai fait. Mon chum soupe avec nous en moyenne 4 jours sur 7 et quand il est là, il nous fait à manger. Les voyages, on part dans moins de deux mois, grimper en Californie et les deux on a ben peur de ne pas dormir et de devoir gérer les crises d'anxiété du plus vieux dans l'avion. C'est à peu près ça. Alors voilà, pour répondre à ta question ma chère Maria Kang, c'est ça mon excuse: la vie, la vie!